vendredi 21 novembre 2008

Encore une nouvelle page de l'histoire industrielle française qui se tourne.

Après l'usine Lepetit de Saint-Maclou dans le Calvados, l'usine Beghin-Say de Nantes, c'est l'usine historique d'Amora-Maille de Dijon qui va disparaître du paysage industrielle agroalimentaire français.

Albert Bizouard fait inscrire en 1880 sur la faïence immaculée de ses pots à moutarde:"Moutarde extra-fine de A.Bizouard - Successeur de Naigeon et Fremiet - Maison fondée en 1756 à Dijon".

En 1919, Armand Bizouard, reçu maître-vinaigrier en 1703, dépose la marque Amora au greffe du tribunal de commerce de Dijon. Mais il ne l'utilise pas et cède sa société à Raymond Sachot en 1931.

Entretemps, la marque Amora est déposée aux Etats-Unis par la société Bloomingdale's. Lorsque la protection expire en 1934, Raymond Sachot dépose une nouvelle fois la marque et lance la commercialisation des moutardes Amora dans des pots en verre.

A partir des années 50, la société croît, étend sa marque sur les vinaigrettes, ketchups, mayonnaises ou cornichons et devient le leader du secteur des condiments en France.

En 2000, la marque est rachetée par le groupe Unilever, et compte 4 sites en Bourgogne et quelques 500 salariés.

Mis à mal par la forte concurrence des marques distributeurs et des hard-discounters, chute de 20%, le groupe Amora-Maille a annoncé ce jour, la fermeture de ses sites de Dijon (Côte d'Or) et d'Appoigny (Yonne) d'ici à la fin 2009 et la suppression de 265 emplois.

Cette décision s'appuie sur "la baisse de la production de l'usine de Dijon de près de 42% depuis 2002" et le fait que le site d'Appoigny "ne soit utilisé qu'à moins d'un quart de sa capacité" et entre dans "le cadre de projet d'organisation visant à rassembler ses forces en Bourgogne" selon la direction.

Un plan visant à regrouper ses activités en Bourgogne, sur le site industriel de Chevigny (Côte d'Or) et l'implantation à Chevigny d'un pôle Recherche et Développement dédié aux produits fabriqués à l'usine, pour lequel il va investir 10 millions d'euros "pour en faire le site de référence en Europe" seront présentés dans les prochains jours.

Espérons que le musée d'entreprise, exemple même d'un passé mis en spectable par une muséographie savante et sensible demeure à Dijon.

Savante par la diversité des documents exposés qui permettent de découvrir l'origine de la moutarde et son évolution, l'histoire d'une société et son adaptation aux nouvelles technologies.

Sensible par la qualité plastique de la mise en page et surtout par l'émergence constante, tout au cours du parcours, des souvenirs de celles et de ceux qui ont travaillé dans cette société.

Un lieu de mémoire pour tous les amateurs épris de moutarde et de connaissance.

(source Les échos du 20/11/08, LSA Article web du 20/11/08- @ Marie Cadoux, Usine Nouvelle du 20/11/08 Article par Adèle Bouet et Saveurs du Monde.net "Musée Amora, Dijon")

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